Les Plans cancer (2003-2019) : le pilotage national de la lutte contre les cancers
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De 2003 à 2019, la France s’est dotée d’une politique de lutte contre les cancers structurée autour de trois plans nationaux successifs portés au plus haut niveau de l’État. Créé à la mise en place du premier Plan cancer, l’Institut national du cancer s’est vu confier la mission de piloter le déploiement opérationnel de ces plans en fédérant l’ensemble des acteurs de la lutte contre les cancers en France. Conçu pour être une structure d’impulsion et de pilotage, l’Institut coordonne les actions de prévention, de soins, de recherche et d’accompagnement, au service de tous.
Vaincre le cancer : une mobilisation nationale
Une politique volontariste initiée au sommet de l’État
En juillet 2002, un plan de mobilisation nationale de lutte contre les cancers était lancé en France à l’initiative du président de la République Jacques Chirac. Ce plan répondait à une forte attente pour que davantage de cancers puissent être mieux soignés, pour qu’ils s’accompagnent de moins de souffrances et de séquelles et bénéficient de taux de guérison plus élevés, mais aussi pour que change enfin le regard de la société sur le cancer.
Le 24 mars 2003, le premier Plan cancer était lancé par le président de la République, avec une ambition sans précédent pour structurer la cancérologie française.
Particularité notable de cette politique de santé publique : les Plans cancer français sont depuis leur origine portés au plus haut niveau de l’État. Ce portage politique fort leur confère une visibilité médiatique, un financement significatif et un niveau de mobilisation sans précédent, qui dépassent le strict champ médical.
Une approche intégrée et transversale de la lutte contre le cancer
Les Plans cancer se distinguent par leur transversalité. Ils couvrent de manière coordonnée tous les aspects de la lutte contre cette maladie : la prévention, l’accès aux soins, les stratégies thérapeutiques, la recherche et l’innovation, l’épidémiologie et l’évaluation des données, l’accompagnement du patient.
Cette approche globale permet de créer des synergies inédites entre les acteurs de la santé, de la recherche, du social, de l’éducation et les patients eux-mêmes. Elle constitue l’un des fondements de la réussite de cette politique, reconnue comme un modèle à l’échelle européenne.
Trois Plans cancer successifs pour structurer la lutte
Plan cancer 2003-2007 : poser les fondations
Lancé en 2003 par le président Jacques Chirac, le Plan cancer 2003-2007 marque le point de départ d’une politique nationale structurée de lutte contre le cancer en France.
Parmi ses avancées majeures figure la création de l’Institut national du cancer (INCa) en 2005. L’agence sanitaire et scientifique dédiée à la cancérologie assure désormais la coordination des politiques de lutte contre le cancer.
Le premier Plan a fortement investi dans la prévention, notamment grâce à une politique ambitieuse de lutte contre le tabagisme (hausse des prix, interdiction aux mineurs de moins de 16 ans, campagnes ciblées, aides au sevrage). Il a également permis de généraliser le dépistage organisé du cancer du sein en 2004 et d’expérimenter celui du cancer colorectal.
Dans le domaine des soins, le Plan a établi des critères de qualité stricts pour autoriser les établissements à traiter les cancers. Il a introduit l’obligation de réunions de concertation pluridisciplinaire (RCP) pour garantir une proposition de traitement collégiale, sécurisée et conforme aux bonnes pratiques.
Le dispositif d’annonce du diagnostic a aussi été instauré pour améliorer l’accompagnement des malades au démarrage de leur parcours de soins.
Enfin, une dynamique régionale de recherche et de coordination des soins a été impulsée avec la création des cancéropôles, des réseaux régionaux de cancérologie (RRC) et des centres de coordination en cancérologie (3C).
Ce plan fondateur a permis de structurer la cancérologie française, avec un souci constant de qualité, d'équité et d'efficacité au service des patients.
Plan cancer 2003-2007
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Plan cancer 2009-2013 : personnalisation et innovation
Le Plan cancer 2009-2013, initié par le président Nicolas Sarkozy, constitue la deuxième étape de structuration de la politique de lutte contre le cancer en France. Faisant suite au rapport d’orientation du Pr Jean-Pierre Grünfeld (lien), ce plan a consolidé les acquis du premier Plan cancer tout en ouvrant de nouvelles voies, notamment en introduisant la personnalisation des soins.
Organisé autour de cinq axes majeurs : recherche, observation, prévention-dépistage, soins et vie pendant et après le cancer, il déploie 30 mesures concrètes et 118 actions, appuyées par trois orientations transversales :
- réduction des inégalités de santé
- prise en compte des facteurs individuels et environnementaux
- renforcement du rôle du médecin traitant tout au long du parcours de soins
Ce Plan a mis l’accent sur l’effort de recherche comme moteur de progrès face à la maladie et veut positionner la France au meilleur niveau international.
Une attention particulière est apportée à la qualité des soins et leur égal accès sur le territoire, avec des dispositifs spécifiques pour les enfants, les personnes âgées et les malades atteints de cancers rares. Il a également généralisé le programme de dépistage du cancer colorectal en 2009.
L'accès à la médecine personnalisée et la participation aux essais cliniques ont également progressé. Ce Plan s'est aussi engagé dans des voies nouvelles pour soutenir les innovations thérapeutiques, et faire progresser la recherche, notamment dans le domaine de la génomique des cancers. Il a également introduit les programmes personnalisés de soins (PPS) et de l’après-cancer (PPAC), renforçant la continuité entre les différents temps du parcours des personnes atteintes de cancers. Il a reconnu la nécessité de mieux accompagner les patients dans leur vie sociale et professionnelle, bien que des défis subsistent, notamment pour réduire les inégalités persistantes et intégrer davantage les médecins généralistes dans les parcours.
Ce deuxième Plan cancer a marqué une étape importante vers une cancérologie plus individualisée, innovante et centrée sur le patient.
Plan cancer 2009-2013
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Plan cancer 2014-2019 : réduction des inégalités et amélioration de la qualité de vie
Lancé en janvier 2014 par le président de la République François Hollande, le Plan cancer 2014-2019 visait à consolider les acquis des plans précédents tout en intensifiant la lutte contre les inégalités face au cancer. Construit à partir du rapport du Pr Jean-Paul Vernant (lien), il a rassemblé professionnels de santé, chercheurs, associations et citoyens autour de trois grands objectifs de santé :
- réduire l’incidence des cancers
- diminuer la mortalité
- améliorer la qualité de vie des malades
À cela s’ajoutait un objectif transversal : renforcer l’efficience des organisations.
Le Plan est structuré en 17 objectifs opérationnels autour de quatre axes : prévention, soins, innovation-recherche et qualité de vie pendant et après la maladie. Il s’est notamment distingué par sa volonté de réduire les inégalités sociales, territoriales, ou liées à l’accès aux soins, en mettant l’accent sur les populations vulnérables, dont les enfants et les adolescents et jeunes adultes atteints de cancer.
Des actions ont été mises en œuvre pour favoriser le diagnostic précoce, garantir un accès équitable aux innovations thérapeutiques, améliorer l’accompagnement global des patients et de leurs familles, et renforcer la prévention, notamment via la lutte contre le tabagisme avec le Programme national de réduction du tabagisme (PNRT). Le Plan introduit l’idée que près d’un cancer sur deux pourrait être évité en changeant certains de nos modes de vie.
Il a aussi soutenu fortement la recherche en cancérologie, notamment la recherche en biologie, en lien avec l’Agenda « France-Europe 2020 ». Une attention particulière a été portée à l’inclusion des malades et usagers dans la gouvernance du système de santé.
Avec près de 90 % des objectifs atteints, ce Plan a permis à la France de maintenir son rang parmi les pays les plus avancés en matière de lutte contre le cancer, en associant innovation, équité, qualité des soins et accompagnement humain.
Plan cancer 2014-2019
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Un nouvel élan avec la Stratégie décennale de lutte contre les cancers
La stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030, initiée à la suite du troisième Plan cancer, a été lancée par le président Emmanuel Macron le 4 février 2021. Elle fixe des objectifs ambitieux et bénéficie d’un budget de 1,74 milliard d’euros pour la période 2021-2025. Son élaboration et son déploiement opérationnel ont été confiés à l’Institut national du cancer.
Cette stratégie, inscrite dans le temps long (10 ans), se veut évolutive et déclinée dans deux feuilles de route (pour les périodes 2021-2025 puis 2026-2030) précisant les actions, indicateurs et responsabilités. Son objectif principal est de réduire significativement le nombre des cancers et leur impact dans la société française.
La recherche est au cœur de cette stratégie : la moitié du budget lui est dédié, confirmant l’ambition de faire de la France un leader dans l’innovation en cancérologie.